AU BETURE, UNE BASSE COUR, DES CLOWNS ET UN FUTUR MINISTRE

Par René GAY

Mais savez vous que le BETURE et un (futur) Ministre furent un peu à l’origine de la carrière de Victoria et Jean-Baptiste Thiérrée?Voici cette histoire, très sérieuse, de ma vie professionnelle :

C’était en 1976. J’étais alors Directeur Général du BETURE, et Christian BLANC (dont chacun connaît la carrière qu’il fit par la suite, jusqu’au poste de Secrétaire d’Etat au Grand Paris)  en était le Chef du Service  Tourisme et Loisirs.

Ce Service conduisait depuis le début des années 70 les études pour l’aménagement des Bases de Loisirs de la Région Parisienne, en particulier celle de Saint-Quentin-en-Yvelines, dont il avait également obtenu le contrat d’animation et de gestion.

Christian Blanc vint me voir un jour et me dit : « pour animer la base, nous avons imaginé l’installation d’une ferme avec basse-cour et autres animaux domestiques, donc il faut que nous achetions ces animaux ». Il n’y avait aucun risque financier, le contrat signé par la Région couvrait l’ensemble des frais, mais comment, dans la comptabilité d’un bureau d’études d’urbanisme et d’équipement du territoire, comptabiliser et amortir des animaux ?

J’étais donc fort réticent mais Christian Blanc me prouva qu’on ne pouvait pas y échapper. Je demandais donc à Guillaume Tissot, mon secrétaire général de se débrouiller pour trouver une solution (discrète car je n’osais pas en aviser François Parfait, DG de la SCET ni la CDC!, mais cela fit bien rire mon Président Marc Portier , directeur du département des BET à la SCET), je crois qu’on finit par les imputer en matières consommables – ce qui n’était pas loin de la vérité !- amorties sur l’année.

L’affaire se corsa quand, peu de temps après, Christian Blanc revint à la charge : il avait découvert un couple de jeunes clowns, et avait pensé qu’il serait bien de leur permettre de monter leur spectacle pendant tout l’été sur la Base de Loisirs. C’était effectivement très bien, mais pour des raisons dont je ne me souviens plus très bien (ils n’avaient probablement pas encore de structure administrative et commerciale), Christian Blanc me dit que pour les rémunérer  la seule solution était de les recruter au BETURE pendant 6 mois en CDD

Comme ils débutaient, aucun moyen matériel ni impressario, ni, donc, outre le fait qu’il

J’avais beau, dans mes démarches commerciales, vanter la pluridisciplinarité du BETURE, je me voyais tout de même mal employer des clowns ! Christian Blanc fit encore preuve de persuasion, (peut être en me dévoilant que la clown était la fille de Charlie Chaplin, et en m’invitant à déjeuner avec elle au restaurant de la Base de Loisir ?), pour que j’accepte de signer les deux contrats de recrutement de Victoria Chaplin et de Jean-Baptiste Thiérrée, je ne me souviens pas sous quelle qualification : agent d’exploitation ? Et tout se passa bien.

Je n’ai qu’un regret, c’est de ne pas avoir gardé en souvenir la copie des contrats que j’avais signés.

Quand leur spectacle est passé au Théatre André Malraux à Rueil-Malmaison, je n’ai pas osé leur rendre visite en coulisse pour leur rappeler cela

La fin de l’histoire « touristique » du BETURE se produisit l’année suivante, mais sans rapport avec l’anecdote ci-dessus. Pour des raisons budgétaires, j’ai dû négocier avec Christian Blanc, dans le cadre du plan social de redressement des Bureaux d’études mis en place avec l’aide financière de la CDC, le licenciement économique de toute l’équipe « Tourisme et Loisirs ». Elle était chroniquement déficitaire, et je reçus l’ordre de M.Pérouse DG de la CDC, répercuté par François Parfait, de nous en séparer

Avec les indemnités accordées, pour poursuivre leurs activités,. Christian Blanc et ses collègues créèrent  une Association loi de 1901 S’y joignirent d’autres partenaires dont Patrice GARNIER qui devint plus tard Président de C3D, holding des filiales de la CDC.

Rappelons aussi que dans cette équipe, ingérable mais compétente et fort sympathique, il y avait Denis JOXE, fils d’un ancien Ministre de de Gaulle et frère d’un futur ministre de Mitterrand, et que le prédécesseur de Christian Blanc était Charles JOSSELIN, jusqu’à ce qu’il soit élu Président du Conseil Génaral des Côtes d’Armor et qui fut plus tard administrateur du GROUPE SCET. et Secrétaire d’Etat dans le gouvernement Jospin.

Christian Blanc ne travailla pas ou peu dans cette association car il devint conseiller de Michel ROCARD, 1er Ministre, puis chargé de mission en Nouvelle Calédonie, avec Edgar Pisani pour négocier les accords mettant fin à la révolte des Kanaks.

Je n’ai revu par la suite qu’une fois Christian Blanc quand il était Préfet de Seine-et-Marne.